LUTTE CONTRE LES VFF

 

Pour être véritablement efficace, la lutte contre les violences faites aux femmes et aux filles doit combiner trois volets complémentaires et tout aussi importants les uns que les autres : la prévention, la réhabilitation et la répression.

 

 

La prévention renvoie à toutes les actions à mettre en place pour éviter la survenue des cas de violences faites aux femmes et aux filles. Elle consiste donc en une véritable mobilisation sociale sur le phénomène en vue du susciter un changement de comportement. Beaucoup d’actions peuvent entrer dans cette catégorie. Il s‘agit, de façon non exhaustive, des séances de sensibilisation, de vulgarisation, de plaidoyer et de formation. Outres les actions directes sur le terrain, avec les acteurs, il est aussi possible d’animer des émissions à la radio comme à la télé. Ce qu’il faut cependant garder à l’esprit avec, c’est qu’il s’agit d’actions en amont pour prévenir le phénomène. Il est donc beaucoup question de convaincre et de faire adhérer à la cause.

Toutefois, l’expérience a prouvé que la bonne réalisation d’actions de prévention n’empêche pas la survenue des cas de VFF. D’où la nécessité de prévoir des mécanismes de prise en charge.

La réhabilitation rassemble toutes les actions entrant dans le cadre de la prise en charge des victimes, survivantes des violences. A cet égard, la loi 2011-26 portant prévention et répression des violences faites aux femmes et aux filles parle d’une prise en charge pluridisciplinaire rassemblant de façon non exhaustive :

  • l’information ;
  • le soutien psychologique et psychiatrique ;
  • le soutien social ;
  • le soutien sanitaire ;
  • le service des officiers de police judiciaire ;
  • le suivi des démarches juridiques et administratives ;
  • la formation préventive sur l’égalité femmes / hommes ;
  • le soutien à la formation et à l’insertion professionnelle ;
  • la facilité d’accès aux centres d’accueil

La prise en charge des victimes de VFF se fait au cas par cas en fonction des besoins exprimés ou décelés et du contexte. Dans ce cadre, aucun aspect ne devra être négligé. Pour être efficace, cette prise en charge nécessite un véritable exercice exploratoire tant avec la victime qu’avec ses proches et son environnement. Cette exploration porte sur les causes, les conséquences, les facteurs d’influence de la violence ainsi que les solutions à envisager.

Outre la réhabilitation de la victime, il est souvent nécessaire de mener des actions de répression non seulement pour sanctionner le(s) auteur(s) de la violence, mais aussi et surtout pour que cela puisse servir d’exemple à d’autres potentiels auteurs. En la matière, les règlements à l’amiable en famille et dans des cadres non formels ont fortement montré leurs limites en ce qu’elles se soldent souvent par des cas de récidive et quelques fois par une violation flagrante des droits de la victime. Il est donc important de recourir aux voies juridictionnelles de recours pour les cas de VFF. Un tel choix n’est pas aisé à faire en raison de la pression sociale qui accompagne mais aussi de la forte dépendance financière des femmes et des filles vis-à-vis des auteurs de la violence. Mais, cela reste le seul moyen de garantir que justice sera rendue à la victime tout en décourageant les éventuels candidats à la violence.

Différents acteurs interviennent dans la lutte contre les violences faites aux femmes et aux filles. La multiplicité de ces acteurs ne reste pas sans poser un problème de coordination et d’efficacité de leurs interventions. Il s’agit entre autres de l’Etat, des partenaires au développement et des organisations de la société civile.

L’intervention de l‘Etat en matière de VFF se fait tant au niveau central qu’au niveau local.

Au niveau central, l’exécutif intervient via d’une part le ministère en charge de la famille qui a sous sa tutelle les centres de promotion sociale et d’autre part le ministère en charge de la santé. Le législatif met en place le cadre légal nécessaire à la lutte. A cet égard, plusieurs lois ont été adoptées. Le judiciaire quant à lui est en charge de la répression.

Au niveau local, les communes qui sont des collectivités décentralisées animent différents cadres de concertation avec pour objectif de susciter une véritable réponse locale au phénomène.

Les organisations de la société civile, très proches des populations à la base et non soumises aux lenteurs de la bureaucratie, interviennent dans tous les volets de la lutte. Leurs actions vont de la prévention à la réhabilitation en passant par l’appui à la répression.

Les difficultés rencontrées par ces différents acteurs dans la lutte contre les VFF sont nombreuses. D’abord, le manque de ressources financières, humaines et matérielle rend impossible une couverture adéquate du territoire par l’Etat et les organisations de la société civile. L’une des conséquences de cet état de chose est le faible niveau d’information des populations sur les lois relatives aux violences faites aux femmes et aux filles. Ensuite, le manque de formation des acteurs impliqués dans la lutte pose un problème d’efficacité des actions de prévention, de réhabilitation et de répression. Après, l’insuffisance des structures de prise en charge et leur inégale répartition sur le territoire national pose un problème d’accès géographique et financier des victimes. Enfin, l’ancrage sociologique et culturel des violences faites aux femmes et aux filles rend complexe toute intervention qui est souvent perçue comme une remise en cause de ‘’l’ordre naturel des choses’’. C’est ainsi que se développent souvent des réseaux de pression, de menaces et même de corruption visant à faire échouer toute tentative de répression.

Toutes ces difficultés combinées ont pour effet la non effectivité des lois relatives aux violences faites aux femmes et aux filles au Bénin.

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